Après le séisme des élections régionales le monde politique (au moins celui que l'on dit républicain) a juré ses grands dieux qu'il avait entendu le message des électeurs. Il a peut être entendu mais a t 'il compris que les français rejettent le monde des partis traditionnels et en particulier ses mœurs ? Les plus grands doutes sont permis car les comportements de la plupart des acteurs politiques montrent qu'ils n'envisagent même pas une quelconque reformulation de la doxa politique française. Pour employer une expression (bêtement) à la mode le changement de logiciel n'est pas au programme.
Dans ce monde de vitupérations Jean-Yves Le Drian a poursuivi tranquillement son chemin et conquis la Bretagne. Il est paraît-il un des hommes politiques les plus populaires mais montre t 'il vraiment l'exemple ? Les français veulent un changement profond de la vie politique, en particulier la fin du cumul des mandats et la fin des privilèges de tous ordres auxquels nos politiciens sont si attachés.
J.-Y. Le Drian, futur président du conseil régional de Bretagne, va conserver son poste de ministre de la Défense alors qu'il avait signé, à sa nomination rue Saint Dominique, un engagement de non-cumul qui faisait partie des promesses électorales de François Hollande. On nous explique que cette entorse à une mesure phare de la modernisation de la vie politique est due aux « circonstances exceptionnelles » que vit actuellement notre pays. Si l'on en croit notre premier ministre la France est présentement en « état de guerre ». Lorsque l'on est en état de guerre, la fonction de ministre de la Défense est, semble t 'il, un emploi à plein temps ou alors de quelle guerre parle t 'on ?
Le Drian, excellent VRP du Rafale et bon chef de guerre , s'était attiré la sympathie des armées mais cette sympathie est quelque peu écornée par la préférence du ministre de la Défense pour ce que l'on appelle les « ors de la République ». Le ministère des armées (y compris les chefs d'état-major) vient en effet de déménager pour s'installer à Balard (XV éme arrondissement) dans un gigantesque ensemble immobilier flambant neuf (à l’esthétique très discutable). Tout le monde à déménagé sauf le ministre (et son cabinet) qui reste à l' Hotel de Brienne, rue Saint Dominique. Dans une période « exceptionnelle » ne serait-il pas normal que le ministre soit à côté des chefs d'état-major et de la « situation room » ? Il paraît que Le Drian s'excuse en disant que la rue Saint Dominique est plus proche de l'Assemblée nationale. La politique politicienne l'emporte sur l'efficacité...Pour être cohérent il faudrait donc que Bercy réintègre Le Louvre. L'architecte Roland Castro proposait de déménager tous les ministères en banlieue. Balard n'est pas loin de la banlieue. Encore un petit effort !
Tout cela peut paraître anecdotique mais ne fait que nourrir le désamour des français pour les « élites ».